Première femme française à avoir gagné le prix Nobel de littérature, Annie Ernaux a obtenu le surnom d’écrivaine ethnologue mais pourquoi vous me direz ? Grâce à son engagement politique et social?

Dans ses romans, l’écrivaine mêle des réflexions sur l’évolution de la société et des souvenirs personnels. Son écriture militante devient action sur le monde qui l‘entoure; exigence de transformer ce qu’elle vit et ce qu’elle voit à travers sa littérature.

Mais avant d’approfondir ses œuvres, essayons de comprendre au mieux cette personnalité passionnante, extraordinaire.

Qui est, alors, Annie Ernaux ?

Annie Duchesne est née le 1er septembre 1940 à Lillebonne dans une famille modeste et a passé sa jeunesse en Haute-Normandie où ses parents l’ont inscrite dans un établissement d’enseignement privé catholique pour jeunes filles. Elle a poursuit ses études à l’université de Rouen et Bordeaux. Terminés les études, elle devient professeure de lettres modernes avant de devenir une romancière prolifique; mariée, puis divorcée avec Philippe Ernaux dont elle aura deux enfants, qui l’accompagnent encore aujourd’hui aux présentations de ses livres, Ernaux réside aujourd’hui en Val-d’Oise.

Mais pour mieux la connaître,  commençons à parler de son premier roman qui a un caractère autobiographique, Les Armoires vides aux éditions Gallimard en  1974 mais depuis lors, son activité ne s’arrête plus, d’ailleurs chez le même éditeur elle publiera aussi Ce qu’ils disent ou rienLa Femme gelée et La Place qui obtient le prix Renaudot mais aussi Les Années qui lui permettront de gagner le prix Strega européen.

Mais comment a-t-elle réussi à avoir autant de succès ?

La réponse n’est pas très complexe parce qu’en effet il y a un fil rouge qui relie toutes les œuvres de l’écrivaine et qui est la caractéristique qui lui permet de se distinguer dans la scène littéraire d’aujourd’hui: ses œuvres s’inspirent toutes à son expérience personnelle même si elle revendique une écriture neutre, ‘’sans jugement, sans métaphore’’, et évoque un ‘’style objectif’’, qui ne valorise ou ne dévalorise les faits racontés pour simplement ‘’retrouver les mots avec lesquels je me pensais et pensais le monde autour’’ comme elle-même affirme dans la dernière phrase de Les Années, c’est à dire ‘’Sauver quelque chose du temps où l’on ne sera plus jamais’’, sauver ‘’toutes les images [qui] disparaîtront’’.

Pas une simple écrivaine, cette Femme est depuis toujours et encore aujourd’hui, malgré son âge avancé, à l’avant-garde pour combattre les injustices et défendre les droits civils.

Ses ouvrages abordent des événements qui ont marqué sa vie et la vision des femmes de son époque : l’ascension sociale de ses parents, son mariage, sa sexualité et surtout son avortement dont elle parle dans L’Événement qui l’a très marquée, mais aussi la mort de sa mère ou encore son cancer du sein, thème  principal de L’Usage de la photo. Des œuvres plein d’émotions qui lui ont permis de toucher les cœurs et de donner de la force à tant d’autres  femmes-guerrières.

Politiquement engagée au parti de gauche, on la trouve effectivement parmi les signataires de l’Appel des 58 … et d’une pétition en collaboration avec des personnalités du monde de la culture pour boycotter la saison culturelle croisée France-Israël, visant à pénaliser le peuple palestinien.  Elle a également soutenu publiquement le mouvement des Gilets jaunes et le 30 mars 2020, dans les débuts de la crise du Covid-19, elle a aussi adressé une lettre ouverte à Emmanuel Macron pour dénoncer sa politique qui est restée sourde au cri d’alarme du monde de la santé, faisant ainsi de nombreux morts.

Merveilleuse Partisane des plus faibles, on espère que sa distinction de Prix Nobel de littérature portera un changement dans la société pour combattre la misogynie, l’homophobie, le racisme et l’antisémitisme; des thèmes à elle très chers et problèmes malheureusement encore très actuels.